
HUGO FONTAINE
Poète attaquant de pointe
A l’affût du quotidien
La vie courante, on ne l’a peut-être jamais autant scruté qu’en ces temps difficiles. Bien avant nous et avec acuité, Hugo Fontaine, s’essayait déjà à sonder et à triturer l’infra-ordinaire pour faire émerger des sens nouveaux, renouveler notre manière de nous étonner parce que c’est une certitude, le poète : « aime corner les coins, tuer la rime qui grimpe aux lierres ».
Lorsque Hugo Fontaine décide de dire : Adieu la vie courante, il le fait avec précision, pour ainsi dire au couteau pour emprunter à Annie Ernaux. C’est d’ailleurs ce que Lucien Suel remarque dans la préface de l’ouvrage : « Les poètes virtuoses comme Hugo Fontaine font cracher l’eau du robinet dans leurs tuyaux d’arrosage ; ils savent diriger leur jet de façon à produire une belle strophe noire dans la poussière estivale » (Suel,2018). Ses vers naissent de la rature nous emportent par leur fougue et leur joie de vivre, leur détours mélancoliques et rageurs dont la musique fait résonner en nous des parcelles de vie et de contingence, ouvrant l’air de rien des souterrains critiques.
Dans le fond, dire Adieu la Vie Courante « c’est presque imperceptible il suffit que tu tournes légèrement la tête pour écrire une phrase ta nuque restera en équilibre, dans ton dos une douzaine de phrases à trous ». Dire Adieu la Vie Courante n’est pas sans conséquence, Hugo Fontaine le sait : « la poésie est dangereuse comme l’amour qui arrive il faut choisir écrire ou tomber amoureux ».
Écrire et plus encore écrire de la poésie nécessite une exigence qui revient à adopter le tempérament du boxeur qui « aime finir dans les cordages pour rebondir plus loin ». Les pages il faut les noircir à l’encre de l’oubli et du vécu « avec la lumière du frigo ouvert » il faut les modeler pour dire ce qui s’écrit en creux, s’aventurer dans les contrées singulières du temps sans aller-retour, de l’amour, de la vie qui pulse et que l’on goûte.
Parcourir les mots laissés par le poète revient à prendre à revers des thématiques classiques dûment explorées par le jeu, l’uppercut d’une langue en mouvement qui invite à la flânerie mais aussi à se saisir à notre tour de la poésie parce que dire Adieu la Vie Courante c’est aussi chanter un hymne à cette poésie vertueuse qui « […] n’aime pas les vernissages […] se niche davantage dans la rue comme un événement dans ton cou […] fait son petit bruit d’écharde » pour se cogner au monde, fédérer et rêver.
La sincérité qui traverse les mots d’Hugo Fontaine saura vous toucher comme elle nous a touché. Elle saura mettre en route les mots qui sont les vôtres pour dire à votre tour Adieu (à) la Vie Courante. Et puis sinon il sera toujours temps d’écumer les rues de la ville de Tournai en Septembre prochain dans le cadre du festival Poésie Moteur !
#Karen #Cayrat




